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Inona no vaovao?

9 mars 2009

Erick Manana : Sobriété, simplicité et enchantement

erick_mananaL'artiste Erick Manana a fêté ses 30 ans de scène l'année passée. Sans bruit, ni paillettes, le chanteur et guitariste se balade depuis des décennies entre Madagascar et la France pour faire découvrir à qui le veut un répertoire éclectique de musiques métissées par son parcours et ses origines. En effet l'artiste est avant tout un guitariste qui chante toujours sur les seules notes de son instrument de prédilection. La sobriété du style n'enlève rien au rythme souvent entrainant de ses interprétations. De multiples chansons sont en malgache et sonnent comme un hymne à sa terre natale.

Quant on se penche sur le répertoire de l'auteur-compositeur-interprète, on est d'abord interpellé par son parcours. Il n'a sorti son premier album solo qu'en 1997. Un succès puisque "Vakova" est salué par la critique et couronné du Grand Prix du Disque de l'Académie Charles Cros.
Mais avant cela le chanteur-guitariste participait à des groupes, notamment le très célèbre, Lolo Sy Ny Tariny. Puis il accompagne quelques années le chanteur Graeme Alwright et les Mahaleo.
Un parcours riche de collaboration qu'il entretient toujours lorsqu'il en a l'occasion, notamment aux côtés de Régis Gizavo.

Pour saluer son succès il se présente à l'Olympia en septembre 2009. Mais en attendant il se balade sur les routes de la France, faute de pouvoir maintenir ses dates de concert prévues à Madagascar, considérant les évènements politiques du moment.

 

Lu dans la critique et dans les interviews
Mondomix
- "un type humble qui suit sa route avec exigence"

Il a dit ;
"Je pense que ceux qui ont quitté leur pays, peu importe la raison, l'ont regretté inéluctablement. Concernant mon cas, c'est à cause des vicissitudes de la vie que je suis parti. c'était en 1981. Il fallait que je survive et nourrisse ma famille. Donc j'ai tenté ma chance à 10 000 km de Madagascar, en France. Si dans mon répertoire, il y a des chansons en malgache, c'est qu'elles témoignent de mes sentiments envers mon pays."

"Nous les Malgaches nous avons notre propre musique, riche, à exploiter sur le marché international de l'art musical, les étrangers viennent pour nous regarder dans notre propre culture et nous acclamer mais non pas pour nous regarder répéter et imiter leurs styles. Ces gens là, ils ont déjà réagi par rapport à la musique de Madagascar, il faut toujours les surprendre par notre richesse culturelle"

Le site myspace du guitariste et chanteur : www.myspace.com/erickmanana

Amis Bretons ; En concert à Trégastel le 14 mars : http://liv-an-noz.ifrance.com/erick_manana_trio.htm¸ et à Rennes le 3 avril !!!!      

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25 février 2009

Jaojoby en studio pour la paix!

Jaojoby, plus connu sous le pseudonyme du "roi du salegy" a lancé en janvier dernier le projet d'un concert pour la paix afin de participer, à son échelle, au règlement de la crise socio-politique actuelle sur la Grande île. Malheureusement le projet semble avorté ou du moins reporté pour le moment. Mais, avec plusieurs artistes renommés de l'île rouge, Eusèbe Jaojoby est tout de même entré en studio ces dernières semaines pour enregistrer un titre qui appelle à la paix et à la réconciliation. Il s'agit d'un morceau du roi du salegy remixé pour l'occasion " Mila fitiavana" (littéralement : "Besoin d'amour"). A ses côtés, on aperçoit notamment la chanteuse nationale, dite "la diva", Bodo, mais aussi Elie Cynthia, Bagidy Gigety, Ndondolah sy Tahiry, Melky, Dah’Mama, Lola, Henri Ratsimbazafy, Njakatina, Bessa.

JAOJOBY_01

Eusèbe Jaojoby est né le 29 juillet 1955 en pays Betsimisaraka (au Nord est de l'île malgache). A longtemps vécu a Diego Suarez (Antsiranana) avant de descendre à la capitale pour mener sa carrière artistique.

Focus sur le "roi du salegy"

Eusèbe Jaojoby est aujourd'hui un "show man" reconnu sur la scène internationale si on s'intéresse de près aux musiques du monde. Depuis le début des années 1990, il parcourt la planète pour faire danser les peuples sur une musique traditionnelle malgache, "exécutée avec des instruments de l'Occident" comme il le décrit lui même. En effet le Salegy est une musique populaire de la Grande île qui est faite pour danser, bouger, et afin de l'adapter aux besoins des grandes scènes et des shows internationaux, Eusèbe et ses musiciens jouent avec les instruments "modernes"!

Journaliste avant d'être chanteur

Avant de monter sur scène et de remplir des salles de spectacles, Eusèbe Jaojoby a fait des études en sociologie puis en journalisme. Un parcours qui l'a emmené au micro de Radio Madagascar ( la radion nationale), avant de devenir attaché de presse pour le Ministère des transports, de la météorologie et du tourisme de 1990 à 1993 (sous Didier Ratsiraka). Mais la musique, qui l'anime depuis son plus jeune âge, cohabite un temps avec son métier avant qu'elle ne devienne son occupation principale en 1994. Le groupe Jaojoby existe déjà depuis 1988, et en 1992 sort son premier album "Jaojoby : salegy". Sa renommée fait un bond avec son troisième album, " E Tiako". Il prête même son image au Fond des Nations Unies pour la Population. Déjà il ressent le besoin de s'engager pour la paix dans son pays. Un engagement qui le pousse à croire en l'espoir né de Marc Ravalomanana en 2001. Jaojoby le soutient face au président sortant Didier Ratsiraka. Mais en 2004 lorsqu'il sort son 5ème album, "Malagasy" qui invite encore une fois le peuple malgache à la paix, la réconciliation, et l'espoir, l'artiste avoue ne plus vouloir se mettre en avant dans la vie politique malgache. il accroit la fréquence de ses tournées mondiales, accompagné de sa famille : sa femme au chant, un de ses fils à la guitare, un autre au choeur et une fille danseuse. Le 20 septembre dernier, il a fait fureur à l'Olympia à Paris.

Discographie

  • Salegy
  • Velono
  • E Tiako
  • Aza Ariano
  • Malagasy

 

24 février 2009

Effet de comm' ou véritable dialogue ; ils se sont enfin parlés!

caricature_les_nouvelles_2

Enfin! Soulagement! A peine perceptible si ce n'est que Madagascar s'estompe doucement des Unes de l'actualité internationale. Le président de la République, Marc Ravalomanana et le leader du mouvement de l'opposition, Andry Rajoelina se sont assis à la même table samedi 21 février pour aborder les questions en litige depuis des semaines. Et depuis, la rencontre entre les deux hommes politiques est un rituel qui devrait aboutir à une issue à la crise socio-politique qui touche la Grande île depuis le début de l'année.
Pour le moment quelques engagements de part et d'autre dont la cessation des violences, des émeutes et des pillages, de la propagande médiatique, des arrestations arbitraires. Mais quelle valeur ont ces paroles lorsqu'elles ne sont que prononcées oralement? Et pourtant les médias nationaux restent optimistes et espèrent la reprise rapide des activités économiques, sociales, culturelles du pays. Depuis le début des violences, qui ont fait une centaine de victimes, l'économie malgache souffre terriblement et les premières usines annoncent le chômage technique, symptôme dramatique des conséquences du chaos politique ambiant. En termes culturels, l'agenda est vide de programmations annulées ou au mieux reportées. Pour ce qui est des sphères sociales, les écoliers reprennent progressivement le chemin de la classe après plusieurs semaines "blanches". Mais il semble que ces désordres touchent essentiellement la capitale, et que les provinces n'en ressentent pas encore toutes les ondes.

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Les deux caricatures sont issues de : Les Nouvelles de Madagascar (quotidien d'information)

Lu dans l'actualité nationale

" Pour Andry Rajoelina, dont l'échec semblait se dessiner, cette négociation qui commence est une porte de sortie inespérée qui pourrait lui permettre de revendiquer la paternité des changements significatifs dans la vie politique malgache, tout en lui évitant les ennuis judiciaires que son comportement aurait du normalement lui valoir. Là encore, les extrémistes des deux bords seront déçus, mais la haute politique n'a jamais été un terrain d'exercice des valeurs morales, en particulier à Madagascar" TopMada.com 22/02/2009

20 février 2009

Prise et reprise des ministères : Quand va cesser cette mascarade politique?

Hier, jeudi 19 février, le leader politique de l’opposition malgache, Andry Rajoelina, surnommé « TGV » a investi quatre ministères ; celui de l’intérieur, de la sécurité intérieure, de l’éducation et de l’aménagement du territoire. Une simple occupation de locaux vides de leurs fonctionnaires depuis plusieurs semaines. Madagascar est depuis la fin du mois de janvier un pays en état d’attente d’une administration politique sereine.

Le jeune entrepreneur de 34 ans, Andry Rajoelina, autoproclamé président de Haute Autorité pour la Transition (HAT) s’est investi sur l’île rouge comme le président légitime de la population malgache qui en aurait assez des tribulations du millionnaire président de la République, jugé en décalage avec elle. Depuis la mi-décembre le jeune « TGV » a entamé une vaste campagne de révolte contre le chef de l’État, se proclamant finalement président de la HAT après des rassemblements successifs de milliers de partisans (dont certains seraient payés pour manifester) dans la capitale, Antananarivo. Mais cela ne s’est pas fait sans sacrifice humain puisque les observateurs locaux dénombrent une centaine de morts depuis le début des émeutes fin janvier.

Deux mois que la crise s’étend, que toutes les sphères de la société en souffrent, et malgré l’arrivée de médiateurs internationaux (ONU, UA, SDAC, France), aucun signe d’une issue proche ne se révèle.

Aujourd’hui, vendredi 20 février, le président de la république, Marc Ravalomanana a repris, par la force armée, le contrôle des ministères investis hier, par son opposant. A quoi cela rime? Il n’a pas pour autant repris le contrôle du gouvernement du pays tant que les administrations et l’économie ne redémarreront pas.

Les acteurs internationaux à la dérive

Dans ce méli-mélo politique les acteurs internationaux peinent à s’y retrouver ainsi que les médias qui évoquent souvent peu ou avec maladresse la situation actuelle. La France quant à elle, ancienne métropole colonisatrice, avance à peu feutré et refuse de prendre position. Elle garde en mémoire son erreur d’avoir soutenu l’amiral Ratsiraka (aujourd’hui en exil à Neuilly) face au président actuel Marc Ravalomanana dans la crise post électorale de 2001. Seule stratégie pertinente, adoptée par l’Organisation des Nations Unies : s’appuyer sur un acteur local jugé influent dans la sphère socio-politique. Le FFKM est donc l’heureux élu au poste de médiateur. Il s’agit du Conseil Chrétien des Églises de Madagascar : une unification des Églises protestantes et catholiques datant de 1980. Cette instance œcuménique est respectée comme représentante d’une certaine sagesse afin que le pouvoir politique ne s’éloigne pas de son dessein. Politiquement influente, elle a participé à l’accession de Marc Ravalomanana au poste de président de la République face au chef militaire anticlérical et usé par le pouvoir, l’amiral Didier Ratsiraka. Depuis le début de la crise elle se place des deux côtés pour encourager le dialogue entre les protagonistes. Et elle devrait proposer prochainement une nouvelle médiation, en partenariat avec l’ONU, avec les deux chefs politiques, et des représentants de la société civile. Des observateurs locaux parlent déjà d’une « Convention Panorama II ». En lieu et place de l’hypothèque prochaine médiation, à l’hôtel Panarama ( Ambaranjana) les forces vives de la Nation et les partisans de Didier Ratsiraka avaient signé un accord mettant fin à la crise politique de 1991.

L’interrogation reste du côté d’Andry Rajoelina : Va-t-il accepter de dialoguer ou va-t-il pousser l’ascension de la provocation au point de craindre une guerre civile à Madagascar?

En effet il semble que les allégeances du jeune leader, ex maire de la capitale, étaient au départ fondées sur des véritables doléances de la population : davantage de transparence exigée du président de la République actuel, remise à plat de l’affaire Daewoo (entreprise sud coréenne à qui le président de la République aurait promis des terres malgaches pour investir). Le peuple malgache souhaitait interpeller un président de la République qui se serait éloigné de lui, de sa réalité socio-économique depuis son deuxième mandat (en 2007) au profit de sa seule personne et de son groupe industriel (Tiko). Le leader de l’opposition, Andry Rajoelina a donc bénéficié d’un élan de révolte populaire à ses débuts. Mais aujourd’hui la population ne semble plus si encleinte à soutenir un homme qui demande à des enfants et femmes de jouer le rôle de bouclier humain et qui privilégie la contestation à la proposition et au dialogue. Pour la prise des ministères Andry Rajoelina avait lancé un appel aux femmes et enfants de militaires et policiers, d’être au premier rang afin que la sécurité des institutions ne soit pas tentée de tirer dans la foule pour empêcher cette installation. De plus les soutiens avérés du jeune leader avec des imminents représentants de l’ancien régime de Ratsiraka ne sont pas non plus pour rassurer une population qui ne demande que la stabilité après plusieurs crises politiques bouleversantes pour l’économie malgache déjà mal en point.

caricature_bouclier_humain_les_nouvelles_madagascarLes Nouvelles

19 février 2009

Les artistes ne peuvent plus se produire sur l'île

La culture est mise au banc de la société malgache dans le contexte de crise socio-politique : le concert pour la paix initié par quelques chanteurs ne voit pas le jour, tous les spectacles et concerts sont reportés, beaucoup annulés, les centres culturels ont fermé leurs portes faute d'activité, les artistes s'en vont. Que peuvent-ils faire d'autres? Sont-ils en mesure de s'engager dans la crise actuelle? Ont-ils leur place dans un débat de politicien qui n'ont pas d'idéologie à défendre? Car il apparait clair pour tous les observateurs que le chaos politique actuel n'a pas pour but de défendre de grandes libertés ou droits confisqués. Bien qu'il transmet au président actuel une mise en garde quant à son comportement vis-à-vis de la population et surtout lui rappelle dans quelle réalité il est ancrée et qu'il se doit de ne pas oublier. Dans tous les cas les artistes n'ont pas encore émergé sur la scène actuelle et préfèrent continuer leur carrière ailleurs, en France notamment. Ils participent de cette manière à faire rayonner la culture malgache que leurs propres dirigeants ont mis au banc de leurs préoccupations.


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16 février 2009

L'Eglise est au coeur de la médiation pour une sortie de crise

Partenariat Eglise Etat : Cette formule décrit un ensemble de programme pour lesquels les deux instances sont associées dans la conduite des affaires publiques et sociales du gouvernement. Une formule constitutive du règne de Marc Ravalomanana. Depuis le soutien inconditionnelle des Eglises catholiques et réformées au jeune entrepreneur briguant, par la désobéissance civile, le mandat présidentiel en 2002, Marc Ravalomanana entretient une relation soutenue avec les chefs ecclésiastiques. Ces derniers incarnent une sagesse religieuse nécessaire à la pratique du pouvoir politique de l'entrepreneur. Rôle de médiateur dans la résolution des conflits nationaux, ils sont aussi considérés comme des gardes-fous au pouvoir présidentiel.
Une Eglise unifiée mais pas unie
En janvier 1980, les Eglises protestantes et catholiques du pays malgaches s'unissent au sein d'une instance oecuménique, baptisée Conseil Chrétien des Eglises de Madagascar, soit le FFKM. A sa tête : Monseigneur Odon Razanakolona, archevêque de Tananarive. Sous cette appellation, plusieurs sous-instances, selon les confessions, s'organisent :
- le FJKM : les Eglises de Jésus-Christ à Madagascar. Il s'agit d'un regroupement de trois Eglises protestantes (FKM, FFM et FPM) Depuis 1968, cette réunion de congrégations réformées regroupent plus de 3 millions de membres, 5000 lieux de cultes, environ 1000 pasteurs dont une centaine de femmes. Le président de la République actuel est le vice-président du FJKM.
- FLM : Eglise luthérienne
- Ekar : Eglise catholique romaine
- Eglise anglicane
Au son d'une seule voix, ces Eglises, à travers le FFKM ont soutenu Marc Ravalomanana dans son accession au pouvoir lors du conflit post-électoral de 2002 face à l'anticlérical Didier Ratsiraka. Mais depuis les voix se désunissent quelque peu et à plusieurs reprises une scission s'est ressentie dans des dossiers politiques entre l'Eglise réformée et les églises catholiques. A tout feu, une étincelle : il semblerait que le président de la République, en tant que vice-président de FJKM, tend à privilégier les paroles de son Eglise, qui le soutient inconditionnellement, face à une Eglise catholique plus mesurée. Mais ces divergences de point de vue n'ont pas mené à des crises politiques au sein de la sphère du pouvoir.
Un rôle de médiateur à assumer
A l'heure de la crise socio-politique actuelle, tous se tournent vers le Conseil des Eglises chrétiennes pour apporter une réponse diplomatique qui ne fasse plus couler de sang. A commencer par l'Onu qui entreprend son travail de médiation en partenariat et à travers le FFKM. Un rôle que les Eglises unifiées assument déjà depuis le début de la crise par des rencontres régulières avec les deux protagonistes et des appels incessants au calme et au dialogue. A la place des raiamandreny (sages), ils se veulent confiants, sereins et capables de ramener le pays à la stabilité.
Un rôle plus difficile qu'en 2002?
Rien n'indique que les chefs ecclésiastiques sont désunis dans leur manière d'envisager la sortie de crise. Mais pourtant la situation est plus délicate qu'en 2002 pour eux. En effet alors qu'il y a sept ans la prise de position face à un anticlérical usé par le pouvoir paraissait évidente, aujourd'hui le combat politique est totalement différent. Un journaliste du magazine Jeune Afrique parle même de "guerre des clones" pour évoquer les ressemblances flagrantes entre les deux protagonistes : deux jeunes entrepreneurs, deux hommes d'origine Merina ( des hauts plateaux), deux hommes religieux. Le programme de l'opposant Andry Rajoelina n'est pas même différent du président actuel dans le fond. Alors que reste-t-il pour les différencier? L'un est protestant, l'autre catholique rétorquent certains médias véhiculant dans la population une certaine différenciation non encore flagrante dans les discours populaires. Une médiatisation dangereuse avec laquelle le Conseil des Eglises doit manoeuvrer pour ne pas tomber dans la brêche et perdre toute crédibilité dans le rôle d'arbitre providentiel de cette crise socio-politique.

Lus dans la presse malgache et internationale

La Vérité (magazine d'actualité malgache récent) 11 février 2009 au sujet de la majorité du peuple malgache qui pour le moment reste silencieuse, selon le journaliste peu de personnes finalement participent aux rassemblements des deux protagonistes dans la capitale :  Le "vahoaka" ( peuple) n'est pas ces fanatisés et excités des deux camps qui s'amusent parce qu'ils ont le temps et les moyens, à ces rassemblements en pleins jours ouvrables.

14 février 2009

Une sortie de crise se profile

Plusieurs fois depuis le début de la crise politique, le même espoir est né d'un dialogue entre les deux protagonistes qui puisse faire cesser le cercle vicieux de la violence. Toujours déçu, cet espoir semble renaître de ses cendres aujourd'hui puisqu'à moins d'un kilomètre de distance, les deux chefs politiques se sont exprimés devant leurs partisans sans que cela ne termine dans un bain de sang. Triste soulagement et pourtant symbolique. En effet c'est la première fois depuis l'ascension des violences que le président de la République est venu s'adresser à la population et leur dire qu'il oeuvrait pour le calme.
Place du 13 mai, le leader politique Andry Rajoelina a aussi regrouper ses partisans sur la haute place de la contestation depuis des décennies. De la même manière il a évité les provocations envers son adversaire. Aucun incident n'a été déploré, ce qui est une première après des rassemblements sanglants dans les dernières semaines.
En France aussi la mobilisation a rassemblé quelques centaines de personnes au Trocadéro pour un appel commun aux deux chefs politiques. Pas de partisans à Paris, simplement des citoyens soucieux du mieux-être de la population malgache, grande victime de cette nouvelle crise politique, sociale et économique à Madagascar.


14 février 2009

L'histoire politique malgache se joue toujours avec les mêmes acteurs

Plusieurs jours sans contact aucun avec l'actualité, coupée du monde, j'en avais fini par croire que le monde tout entier s'était, comme moi, arrêté un instant de s'entremêler et de se mouver. Mais l'actualité malgache me prouve bien le contraire. Seulement quatre jours d'absence et je ne m'y retrouve plus : L'ONU, l'Union Africaine, la France, tout le monde est sur le terrain tandis que le pays enterre de nouveau des dizaines de victimes de la lutte politique qui était supposée s'apaiser entre le président de la république, Marc Ravalomanana, et l'ex-maire de la capitale, Andry Rajoelina, qui aujourd'hui a composé un véritable gouvernement de transition, qu'il a nommé, samedi 7 février, la Haute Autorité de Transition. Pour premier ministre il a appelé Monja, fils de Monja Joana, homme politique des années 1970, proche de Ratsiraka.
Comment s'y retrouver? Comment faire le point et avoir une vue claire des évènements?
Partir du simple adage que rien n'est ni tout blanc, ni tout noir, est le point de départ nécessaire pour appréhender ce genre de situation.
Pour faire le résumé : deux hommes politiques luttent pour le pouvoir étatique, tous deux se réclament de la volonté populaire, celle-ci facilement manipulée sous fond de pauvreté chronique qui s'envenime. La corruption est à son comble et l'anarchie règne en maître dans la population depuis l'ascension de la crise politique. Plus personne ne sait vers quel "prophète" se tourner et pense alors à son bien-être instantané, celui de survivre. Dès lors des malagaches sur place témoignent que les personnes présentes samedi 7 février pour aller à l'assaut du palais du président de la République venaient des campagnes et avaient été payé pour être là, pour provoquer l'émeute.
Au bord de la scène, des acteurs se mêlent et s'entremêlent dans une crise qui semble tous les dépasser. Mais ne pas être évacué de l'échiquier de la diplomatie internationale est le grand jeu à cette échelle du tableau : alors l'Onu est présente, l'Union africaine aussi avec à sa tête, nouvellement élu, le colonel Khadafi, tandis que la France, derrière un discours de "non-ingérence" ne manque pas de faire entendre sa voix et de se convaincre de la nécessité qu'elle conserve sur cette île tant arpentée dans les dernières décennies.
Entre les deux plans des acteurs un peu flous sont plus présents qu'ils n'y paraissent bien que leur jeu ne semble pas encore très clair : les Églises tout d'abord. En effet les Églises chrétiennes sont très puissantes à Madagascar, et proche du pouvoir. Rôle de médiatrice, elles ne peuvent pas éviter de s'intégrer dans le débat. L'armée non plus ne peut pas y dérober malgré les idées reçues. Et toutes les rumeurs circulent dans la population quant à son action prochaine, si elle a lieu. Et enfin, le clan Ratsiraka semble bien présent sur la scène de la pièce politico-historique qui se joue depuis quelques semaines. Dur de cerner où ils sont exactement et quand vont ils sortir de leur silence.

6 février 2009

la colère gronde dans les provinces

Le débat autour de la crise socio-politique actuelle dans le pays s'ancre essentiellement sur les évènements de la capitale, que se soit dans la presse nationale ou internationale. Et pourtant dans les provinces, la colère gronde et ce n'est pas contre l'un des deux chefs que le peuple exprime son mécontentement. La crise actuelle ne fait qu'envenimer un certain nombre de cris que la population pousse depuis plusieurs mois : un cri contre la vie chère, contre des denrées alimentaires rares, contre des politiques qui sont jugés trop distants de leurs préoccupations. La situation des paysans ne fait qu'empirer, et la crise économique mondiale risque de ne faire qu'une bouchée des plus faibles, d'autant plus si aucun gouvernement n'est apte à en diminuer les effets.

Des guerres "tribales"
Mais ce n'est pas simplement la misère et la faim qui fait crier le peuple malgache, qui, dans certaines provinces, est de nouveau hanté par les vieux démons du "racisme". En effet dans la région de Farafangana (sud est de l'ile) notamment, mardi dernier (3 février) l'avion du ministre de l'économie a été incendié tandis que de violentes émeutes ont éclaté visant à chasser les mpiavy de la ville. Les mpiavy désignent généralement les ressortissants malgaches non originaires d'une région donnée mais depuis plusieurs décennies, visent uniquement les Merina (natifs de la région de la capitale, des Hauts plateaux) dans un sens péjoratif. Cette guerre entre côtiers/non-côtiers, et descendants de la royauté/descendants d'esclaves est latent dans l'histoire politique malgache. Selon le quotidien des Nouvelles de Madagascar : "En remontant dans l'histoire politique de Madagascar, la "chasse aux mpiavy" s'est toujours manifestée, la première fois après la tentative ratée de destitution du président Didier Ratsiraka". Mais aujourd'hui, les anciens de la ville de Farananga ont appelé au retour des "exilés" pour calmer la tension latente et ramener la population au calme.
Pour autant les journalistes malgaches s'inquiètent de la situation actuelle , les églises tentent de nouer un dialogue entre les deux protagonistes avant le grand rendez vous de samedi sur la Place du 13 mai, tandis que la communauté internationale jette l'opprobe au président de la République pour son gestion du pays.
La communauté internationale suspend son aide
Selon une information RFI, la Banque mondiale, le Fond monétaire international et l'Union Européenne ont décidé conjointement de suspendre leur versement d'aides du mois de décembre d'un montant total de 35 millions de dollars. Pourquoi? Pour avertir le président de la République, Marc Ravalomanana que la casquette de chef d'entreprise ne sied pas à un chef de l'État. Le conflit d'intérêt déjà dénoncé par la communauté internationale est de nouveau montré du doigt lorsque le président n'est pas capable de prouver les dernières mesures prises : L'achat d'un Boeing 737 en décembre dernier et la mise en vigueur d'une loi exonérant l'huile végétale de la TVA et des taxes à l'importation, faisant alors l'affaire de son groupe industrielle, Tiko.


A.B.
Sources : RFI, Nouvelles de Madagascar, Tribune de Madagascar, L'express de Madagascar

Un commentaire dans la volée

Editorial des Nouvelles du 6 février 2009, Halte à la propagande

"Il faut impérativement faire croire à un mouvement de masse, règle absolue du propagandiste amateur. Parce que le "vahoaka" veut être dans le camp des vainqueurs. Sauf que l'étiolement de l'audience TGV du 13 mai ne signifie pas que le Tim s'en est trouvé renforcé. Bien au contraire, la majorité silencieuse est maintenant observatrice attentive et critique et attend avec impatience qu'un dialogue s'instaure. Elle ne supportera plus longtemps ni le terrorisme ambiant, ni les égoîsmes aveugles, sous peine de succomber aux charmes d'une autre voie. Méfiez-vous messieurs..."

caricature

5 février 2009

Le film malgache est en lice pour le festival du film africain

 

40 ans d'existence et une renommée qui grandit encore et toujours pour le festival panafricain du cinéma et de la télévision (Fespaco) de Ouagadoudou au Burkina Fasso. Il remporte un tel echo de part sa qualité et la représentativité des pays africains qu'il regroupe que RFI le qualifie du "plus grand festival du cinéma africain". Du 28 février prochain au 7 mars, une vitrine du 7ème art en Afrique s'ouvre au monde et revendique sa place au sein du réseau cinématographique mondial. Cette année, et seulement pour la deuxième fois dans l'histoire du festival, un film malgache est en lice pour le meilleur film vidéo. Il s'agit d'une oeuvre du réalisateur et metteur en scène Henri Randrianierenana avec "Horombey". Sorti en décembre dernier, le film de 89 minutes a déjà été diffusé dans plusieurs salles malgaches et est sorti en VCD.

FESPACO

Un festival d'art ancré dans la réalité
Le festival panafricain du cinéma a, depuis 40 ans, prouvé sa nécessité : faire se rencontrer les cinéastes africains, réfléchir ensemble sur les enjeux de demain, construire des projets, échanger des idées, défendre sur la scène internationale les ressources  et la richesse artistiques en la matière.
Un concours, à l'instar des Oscars ou Golden Globes, récompense les meilleurs productions en court métrage, long métrage, documentaires et films de la diaspora africaine. Seules les productions africaines et de la diaspora peuvent participer. La décoration ultime est la remise de la statuette de l'Etalon de Yennenga (une guerrière sur un cheval avec une lance). Mais autour de ce challenge entre cinéastes, se déroulent pendant plusieurs jours des conférences, tables rondes, concerts autour d'un thème central qui est cette année, pour la 21ème édition : Cinéma africain ; Tourisme et patrimoine culturels. Selon les responsables, il s'agit alors de mettre en valeur le cinéma comme un moyen de développer le tourisme à travers une ouverture au monde sur les richesses patrimoniales du continent.

Le premier réalisateur malgache à Ouagadoudou depuis 36 ans
Décrocher l'Etalon n'est pas encore une visée pour les réalisateurs malgaches, la reconnaissance, ils l'ont avec la retenue du film "Horombey" d'Henri Randrianierenana pour la première fois depuis Benoit Ramampy en 1973. Horombey soulève la problématique des maladies sexuellement transmissibles à travers l'histoire de membres d'une tribu malgache réputée pour les vols de zébus et le marché des filles. Avec ce thème, le réalisateur a bénéficié du soutien du Conseil National de la lutte contre le sida pour la production tandis qu'Iriela Production a distribué le film.

Photo Olivier Barlettables_artistes_images_Henri_Randrianierenana

Malgache oui, mais attention aux clichés
Henri Randrianierenana a fait ses premiers pas sur la scène théatrale avec la compagnie Johary en tant que metteur en scène. Puis le cinéma l'appelle au début des années 2000. Avec Germain Andriamanantena, il initie Madagascar au long métrage. Un défi dans ce désert cinématographique. Mais l'aventure continue, et après plusieurs long métrage, il se tourne aussi vers la télévision. Il défend l'existence d'un cinéma malgache mais refuse qu'il soit nécessairement tourné vers une culture du passé. Lors d'un entretien journalistique en 2004, il clamait que : "J'ai essayé de créer quelque chose qui est malgache sans aller dans les clichés, sans aller à la recherche des racines, des sources. On ne revient jamais à ses sources, on continue, on évolue. Et puis on est au cinéma : un art qui a commencé au XXème siècle, qui ne peut pas revenir au Moyen Age. Je n'ai pas la culture de mes anciens, j'ai évolué par rapport à la source et ma fille va évoluer plus que moi. C'est pas la peine de lutter contre tout ça."

A.B.
Sources: presse malgache, Africultures, RFI

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